Je stoppe le Grizzly à l'entrée d'un chemin creux, bordé de végétation (ronces, arbustes, etc.), le chemin commence par deux belles marches, en descente. J'ai une grosse hésitation, je ne "sens" pas trop le passage, donc, je réfléchis ... . Pendant ce temps, Fabien vient voir, lui a envie d'aller voir quand même ...
- "Attend, il y a un pépère qui sort de sa maison, on va lui demander"
Aussitôt dit, aussitôt fait, j'entreprends le pépère, qui habite la maison à 20m.
- "Bonjour Monsieur, vous savez si ce chemin débouche ? Il n'est pas barré ?"
- "Y'a des motos qui passent, mais jamais dans ce sens, toujours en montée"
- "Bon, c'est que ça débouche alors"
- "Pas dans ce sens, y'a des trous"
- "Je ne comprends pas bien, si les motos sortent par ici, elles viennent bien de quelque part"
- "Oui, mais jamais dans ce sens"
On se concerte, si les motos montent, on doit bien pouvoir descendre ! Le vieux continue à radoter ...
- "Y'a des trous, c'est dangereux ...."
- Y'a des trous, je vous aurais prévenus ..."
Bon, on verra bien ...mais euh, finalement je décide de laisser passer le petit en premier ! On dégringole les deux marches, sans gros problèmes, et nous continuons dans ce chemin très creux, sous une voûte de verdure, on se croirait dans un tunnel. Au bout d'un moment, après plusieurs passages assez délicats, étroits et en dévers (mais pas dangereux, tout ce qu'on risque, c'est de coucher le quad sur le côté), un ruisseau s'invite dans le chemin, à moins que ce ne soit soit le contraire, le chemin qui squatte le ruisseau ...
Bon, après quelques centaines de mètres, on a bien l'impression de rouler dans le lit du ruisseau, je suis toujours sur la trace théorique, donc, nous décidons de continuer, surtout qu'on a pas vraiment envie de repasser les marches en montée ...
Donc, on continue, l'eau monte un peu, ça reste praticable mais on mouille les godasses, et la couleur de l'eau n'est pas très engageante, marron foncé, on ne voit pas le fond, peut-être que c'est nous qui provoquons ça, on est dans le sens du courant ...
Soudain, Fabien s'immobilise, je suis juste derrière à 3 m de lui, je vois un fil tendu en travers du ruisseau, et une trace sur le côté ..., je vérifie le GPS, oui, c'est bien la direction, il faudrait sortir ici, sauf que, pour escalader la rive, c'est mission impossible, 1,50m de dénivelé très vertical, les motos doivent sauter ça en descente ...
Bon, on va chercher un autre endroit pour remonter, alors ...
On a pataugé, l'eau est noire, on voit rien ...
Tout doucement, je vois Fabien qui s'engage 10 cm par 10 cm ...
Et soudain, plouf ..., d'un coup, je vois la roue avant droite qui s'enfonce et le quad qui se retourne, Fabien disparait sous l'eau, coincé entre le quad et la berge ...
Je saute du quad, je saisis l'arrière de son Grizzly, et je tire de toutes mes forces pour tenter de le remettre sur ses roues ...
Coup de bol, le quad est en équilibre, pas coincé, donc, j'arrive à le retourner et je retrouve mon Fabien, un peu sonné ...
Je lui gueule dessus pour le faire réagir, vu qu'on est pas encore sorti de l'auberge, l'avant du quad est toujours sous l'eau, mais le moteur tourne toujours ...
- "Passe la marche arrière"
Il s'exécute, mais le quad ne veut rien savoir et patine des 4 roues ...
- Bloque le différentiel"
Idem, pas moyen de le sortir ça patine mais ça ne recule pas ...
- "Attend, je vais te tirer"
En effet, Fabien a eu la bonne idée de laisser une sangle à crochet attachée à l'arrière de son quad, je n'ai qu'à la dérouler et à clipser le crochet sur mon cadre, puis reculer à mon tour pour tendre la sangle ...
- "t'es prêt"
- "oui"
- 'Go, on y va"
Et, aidé par son collègue, le Grizzly sort enfin de son piège liquide ...
Bon, demi-tour, faut refaire tout dans l'autre sens, c'est le pépère qui va se marrer ! Je suis donc devant, au bout de 500m, je ne vois toujours pas Fabien dans mon rétro, je l'attends, en vain ...
Comme d'hab dans un cas pareil, je coupe le moteur, pour l'entendre arriver, sauf que là, j'entends rien du tout, silence complet ...
Qu'est-ce qu'il fout ...
Bon, je gueule " Fabien" ... "Fabien, tu m'entends"
Pas de réponse ...
Là ou je suis, le demi-tour n'est plus possible, c'est bien trop étroit, et refaire en marche arrière les 500 m, je n'ai pas vraiment envie ...
Pas le choix, faut que j'aille voir à pied ...
C'est parti pour une séance de Kô-Lanta dans le lit du ruisseau, je m'essouffle vite, mais je suis inquiet ...
Au bout de 200 m, je suis obligé de m'arrêter pour reprendre mon souffle, je gueule à nouveau, cette fois, j'entends une réponse au loin, sans pouvoir distinguer les mots ...
Enfin, c'est bon signe quand même, nous continuons notre trekking chacun de notre côté pour enfin se retrouver ...
- "Qu'est-ce qui t'arrive ?"
- "Le quad ne veut plus avancer, j'ai juste fait 10m et il s'est arrêté"
- "Le moteur tourne ?"
- "oui, le moteur tourne, mais le quad n'avance pas, ni en avant, ni en arrière, en courte ou en longue, j'ai tout essayé ..."
- Bon, c'est la courroie de vario qui a lâché, alors"
- "Probable, qu'est-ce qu'on fait ?"
- "Ecoute, je ne peux pas tourner, et faire tout ça en arrière, avec les passages scabreux, je ne m'en sens pas capable, par contre, si j'arrive à repasser les 2 premières marches à l'entrée, je peux contourner tout le truc et revenir te tirer par l'autre côté, si les motos passent, la piste existe, et d'après le Gps, on n'est plus qu'à 150/200m d'une piste plus importante ..."
- "Bon, OK, je retourne au quad et je t'attends"
- OK, Fabien, mais je vais bien en avoir pour 15/20 minutes, ne t'impatiente pas ..."
- Ok, pas de soucis"
Et me revoilà parti jusque mon pépère, bon, je n'ai pas le choix, je suis tout seul, et il va bien falloir que je repasse ces putains de marche ! Je réfléchis en progressant vers la sortie, et je décide de ne pas m'arrêter pour réfléchir, de toute façon, je n'ai pas le choix, faut que je passe ...
Et hop, dans la foulée, j'escalade la 1ère marche, j'ai même pas bloqué le dif, mais ça monte sur l'élan ...
La 2ème me semble plus facile, en fait, elle est plus traitre, elle va m'envoyer en travers dans les ronces, mais là encore, la vitesse va me sauver ...
Bon, plus qu'à retrouver Fabien ...
Après plusieurs tentatives qui se soldent toutes le nez face à une pâture en cul de sac, je n'ai toujours pas retrouvé Fabien, il doit commencer à s'inquiéter ...
Pourtant, à vol d'oiseau, je ne suis pas loin, le GPS le confirme, je ne peux pas me tromper ...
Bon, du coup, je coupe à nouveau le moteur et j'écoute ...
J'entends des sifflements, je scrute l'horizon et j'aperçois Fabien au loin, qui me fait des grands signes ...
Bon, faut que je repasse par le village et que je remonte par une autre piste, bouge pas, j'arrive ...
En fait, j'ai tellement jardiné qu'il aura le temps d'arriver à pied jusqu'au village, on se retrouve enfin ...
- "Alors, ton quad ?"
- "toujours pareil"
- "j'ai réfléchis à un truc en roulant, la courroie n'est peut-être pas cassée, surtout que tu m'as dit que tu l'a changé récemment, si ça tombe, elle patine, le vario a pris l'eau ..."
- "tu crois ?"
- "Bon, on verra, de toute façon, faut retourner au quad"
Et nous voilà repartis, à deux sur mon fidèle destrier ...
Une fois sur place, on réfléchit, nous décidons de regarder la notice pour voir la marche à suivre ...
Bingo, tout est expliqué, noir sur blanc ...
Après une immersion, retirer le bouchon de vidange du variateur ...
Aaah, il y a un bouchon de vidange ...
Merci Monsieur Yamaha, on sort une pince et on tire sur le bouchon qui se situe juste sous le vario, côté droit ..., et le vario se vide, pas étonnant que le grizzou ne voulait rien savoir, il était plein jusqu'à la gueule ...
Pour info, c'est pareil sur le 700, j'ai le même bouchon ...
Après 10 minutes, on remet le bouchon en place, fabien redémarre le quad et fait un test, c'est redevenu normal, le quad fume un peu mais progresse à nouveau ... oufff ...
Bon, ce n'est pas le tout, mais faut encore le remonter, lui faire escalader la berge, moi, je suis en haut, lui, il est toujours dans le lit du ruisseau, et c'est toujours à pic ...
Nous n'avons pas de treuil, mais une grosse sangle à cliquet qui peut servir de tire-fort, on va voir ...
Finalement, nous décidons de faire une tentative au moteur, j'attache une sangle en double (en simple, elle a failli péter), très court, et Fabien m'aide avec le moteur, sans monter sur le quad ...
Le grizzly sortira ainsi ...
Bon, encore 3 heures de perdues, mais, qu'est-ce qu'on est content de retrouver la route ...
Moralité : toujours écouter les anciens (y'a des trous")
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Mar 25 Mai 2010 - 23:28
Pour ce récit.
pour le récit, quelle aventure, dommage pas de photos ?